En avril dernier un grand pas a été franchi dans le monde de l’imagerie médicale avec la révélation des premières images d’une nouvelle IRM baptisée Iseult. Utilisant un champ magnétique de 11,7 teslas, cela fait d’elle l’IRM la plus puissante du monde. Aujourd’hui PRS Healthcare souhaite mettre en avant un autre projet d’IRM. Si Iseult permet d’atteindre une précision et une netteté d’image encore jamais atteinte, cette autre IRM a l’ambition de démocratiser l’accès à l’imagerie médicale. Mais aussi combattre les déserts médicaux. Pour cette nouvelle IRM, les concepteurs ont fait appel à une IA… et à quelques boutiques du coin ! On vous explique tout.
Constats
Un appareil d’imagerie par résonance magnétique est un équipement qui coûte cher. A la fois à l’achat mais aussi à l’entretien. De ce fait cela provoque des conséquences en cascade.
- Le taux d’équipement est relativement faible. Par exemple, sur le continent africain, on compte moins d’une IRM par million d’habitants. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, on en dénombre 40 par million d’habitants. Au Japon, ce chiffre monte même à 55 par million d’habitants. Plus proche de nous, au sein de l’Union Européenne, la moyenne est de 20 IRM par million d’habitants. Enfin, dans l’Hexagone, ce chiffre est de 14,8 IRM par million d’habitants.
- Ce manque d’équipement provoque des délais d’attente à rallonge. Même dans notre pays.
- Comme l’explique la Fédération nationale des médecins radiologues, au final c’est la santé des patients qui est mise en péril. En effet, « À partir du moment où un cancer est suspecté, il faut faire une IRM dans les 10 à 15 jours car plus le temps passe, plus le risque que des métastases se forment augmente, sans compter que la tumeur grossit elle aussi » .
Solution
Afin de résoudre cette situation problématique, une équipe de chercheurs de l’université de Hong Kong a travaillé sur l’élaboration d’une IRM d’un nouveau genre. Chapeautée par la chercheuse Yujiao Zhao, l’équipe a réussi à créer une IRM avec des matériaux disponibles dans le commerce. L’IRM n’utilise, par exemple, qu’un simple aimant. Le tout pour un montant de 22 000 dollars. Ce nouvel équipement ne consomme que 1800 watts, soit l’équivalent d’un sèche-cheveux. Ce qui est grandement inférieur à la consommation d’une IRM classique.
Consommation d’une IRM classique
Selon Simon Calvert de Siemens Magnet Technology : « Les examens standards peuvent nécessiter environ 25 kW pendant la numérisation. Les examens plus exigeants qui utilisent des séquences à forte consommation d’énergie peuvent atteindre 70 kW, voire 80 kW » . Et ça, c’est sans parler de l’énergie nécessaire pour la réfrigération de l’aimant. 6 kW à 7 kW pour une IRM classique contre 300 W pour l’IRM des chercheurs de l’université de Hong Kong. En règle générale, environ 60 à 70 pour cent de la consommation énergétique totale d’une IRM est utilisée dans ce but ajoute-t-il.
Une IRM basée sur l’IA
L’IRM en question n’offre évidemment pas la résolution d’une IRM classique (0,05 teslas contre 3 teslas). Encore moins celle obtenue par Iseult. Pour compenser cela, l’équipe de chercheur a intégré à son modèle d’IRM une IA spécialisée dans l’anatomie humaine. Après l’avoir testée sur 30 volontaires, l’IRM avec IA de l’équipe de Yujiao Zhao a obtenu des images similaires aux IRM classiques qui sont 60 fois plus puissants.
Pour aller plus loin
Vous voulez en savoir plus sur cette étude ? Celle-ci a été publiée dans la revue scientifique « Science ».